Avec l’avènement du numérique, la formation ne sera jamais plus comme avant.
Impactés de plein fouet par le digital, les formateurs sont bousculés; l’évolution des compétences en matière de création de contenus et d’animation conduit à une modification de la relation avec les apprenants.
Proposer des démarches éducatives recourant à des technologies numériques ayant pour objet d’émanciper l’apprenant, a pour conséquence de redéfinir l’activité du formateur. « Aujourd’hui, expliquent Germain Poizat et Marc Durand, l’activité du formateur est aussi de concevoir les constituants de ce qu’on peut appeler à la suite de Carré (2005) une écologie de l’apprenance. Elle vise la proposition de dispositifs d’aide à une réflexivité augmentée ou à une attention profonde chez les individus (et les collectifs), se concrétisant par une enquête permanente relative à leurs pratiques et celles d’autrui. Le formateur devient un formateur/concepteur. » Dans un système où l’on doit admettre que le maître et l’enseignant ne sont pas les seuls vecteurs du savoir, on doit envisager les manières d’accéder et de former à l’accès à la connaissance, aux modes de collaborations et de contributions qui permettent de gérer de multiples ressources, documentaires, logicielles, dans une exigence de vérité et d’humilité.
Les centres de formation doivent pouvoir être convoqués en vue de trouver un équilibre entre apprentissages de la technologie en ce qu’elle « cristallise » des finalités et acculturation à la technologie informatique. Ceci questionne ensuite sur les données disponibles et manipulées. À la fois les données personnelles ou institutionnelles mais aussi les ressources numériques, de type textes, images, vidéo, animations, etc.
Quelles pistes de recherche à privilégier ? Comme l’observe très justement Philippe Cottier, du Centre de recherche de l’éducation de Nantes, l’objet « numérique » est souvent abordé secondairement dans certains travaux « disciplinaires » portant par exemple sur les professionnalités, les curricula, etc. sans inscription, sans référence à des travaux antérieurs ou un corpus théorique impliquant les problématiques de recherche en matière de numérique. »
Il ajoute : « Le dispositif technique n’est plus central, il est un recours pour atteindre un but et n’a d’existence que dans sa mobilisation entière ou partielle. Ceci entraîne la disparition de la notion de « contexte » au profit de celle de situation et d’instruments considérés par l’individu comme pertinents pour son action. C’est l’acteur qui détermine le contexte, révélé par son action. » Le face à face usager techno s’efface donc au profit d’un usager qui « fait-des-choses-dans-un-environnement » (Jaurréguiberry et Proulx, 2011) en mobilisant des instruments. Il s’agit donc d’appuyer l’idée d’une certaine centralité du sujet agissant, de préférence comme un individu sujet plus que comme un usager.